En dépit des recommandations du préfet, Dunkerque s’apprête à vivre trois jours de carnaval spontané. Mais à quoi faut-il vraiment s’attendre ?

Les recommandations du préfet ne semblent pas peser très lourd face à l’irrépressible envie des Dunkerquois de renouer avec les Trois-Joyeuses.

 

Le Phare Dunkerquois | Par Nicolas De Ruyffelaere | 

 

Les faits

🔵 Après la bande spontanée de Saint-Pol qui a réuni plusieurs centaines de carnavaleux, Dunkerque s’attend à connaître une réplique bien plus importante du 27 février au 1er mars.

 

🔵 Alors que le préfet a recommandé l’annulation de toutes les festivités, nombreux sont les Dunkerquois qui se préparent pour les Trois-Joyeuses.

🔵 La Ville de Dunkerque en appelle à la responsabilité de chacun en cette période toujours marquée par la crise sanitaire.

Ncitez pas mon nom. » À peu près tous nos interlocuteurs ont émis le souhait de conserver l’anonymat. Sujet sensible, les bandes sauvages ? C’est peu de le dire.

 

 

D’autant que la bande de Saint-Pol, avec ses centaines de masquelours dimanche dernier, laisse présager une effervescence puissance 10 pour les Trois-Joyeuses.

 

« On est sur une mauvaise pente, prévient un carnavaleux de longue date. Ce ne sera pas maîtrisable. » Ce membre d’un groupe musical prétend participer à des discussions qui regroupent des milliers de personnes.

 

iberté de bander

Entre prise de responsabilité et envie de liberté, le cœur des Dunkerquois balance. Et l’on surfe sur la subtilité de langage.

L’annulation des festivités recommandée par le préfet est loin, très loin d’être perçue comme une interdiction. Alors, tout reste permis. Ou presque.

« On ne veut pas passer pour les désobéissants, lance ce Dunkerquois de 24 ans. Mais c’est beau de vouloir faire perdurer la fête au lieu de se morfondre. » Sur les réseaux sociaux, quelques poches de résistance sont visibles.

Début février, on a vu tourner cette affiche du « front de libération de la Visscherbende » qui nous recommandait de « bander » en 2022.

 

On pouvait y lire les dates des bandes de Saint-Pol, Dunkerque, La Citadelle, Rosendaël et Malo.

Le 2 février, on se prenait encore à rêver avec l'affiche alternative du carnaval et son mantra mythique  : « Carnaval n'est pas mort, car il bande encore ».

Quelques jours plus tôt, le 30 janvier, un carnaval improvisé redonnait des couleurs à Bray-Dunes jusqu'au soleil couchant.

 

Un carnaval underground

Une semaine plus tard, le ton avait changé. Alors que le préfet venait de rendre son verdict, on commençait à parler d'un carnaval underground.

On le savait, Saint-Pol allait donner la température une semaine avant les Trois-Joyeuses. L’affaire sera radicalement différente à Dunkerque.

« Les masques vont tomber. Avec l’euphorie, les gestes barrières ne seront plus respectés. »

Un masquelour anonyme

Il n’y a qu’à lire les commentaires sur notre publication de l’article consacré à la bande de Saint-Pol sur Facebook pour se rendre compte que les prérogatives du préfet semblent rangées aux oubliettes.

 

 

« Dans ton c... l’annulation », se réjouit Hervé.

Et puis, il y celles et ceux qui reprochent l’irresponsabilité des masquelours. « Un manque de respect pour ceux en réa et les soignants, des amendes devraient être distribuées », estime Sylvie.

Les masquelours qui préparent les Trois-Joyeuses ne balaient pas pour autant d’un revers de main ces considérations sanitaires.

« On a respecté les confinements, on a pris nos trois doses de vaccin, on s’est occupé de nos enfants lorsqu’ils ne pouvaient plus se rendre à l’école, énumère une Dunkerquoise qui tient, elle aussi, à rester discrète. On a bien le droit de renouer avec l’esprit de fête, non ? »

Dans les bars, la question de savoir s’il y aura de l’affluence ou pas ne se pose même plus.

Les établissements feront « avec les moyens du bord », comme d’habitude.

« Pourquoi stresser  ?, s’étonne un gérant en Citadelle. On verra bien ce qui se passera, mais on sera entre Dunkerquois.  Et on contrôlera le pass vaccinal de chacun. » Une véritable gageure dans une atmosphère qui renoue avec le sens de la fête

Des renforts, mais surtout de la responsabilité

 

 

 

« Il y aura un renfort de la police municipale », assure Frédérique Plaisant au sortir d’une réunion en sous-préfecture, mardi 22 février au matin.

Mais l’adjointe en charge de la sécurité et de la tranquillité publique précise que les agents ne se concentreront pas sur le centre-ville.

De son côté, l’État prévoit le déploiement de forces de l’ordre en cas de débordement. Difficile de s’engager davantage, car ni la Ville ni l’État ne sont organisateurs des ces Trois-Joyeuses spontanées.

Pas de véhicules de police, pas de déviation, pas de dossier de sécurité pour définir les points de secours. L’élue en appelle alors à la responsabilité de chacun.

« Nous faisons confiance aux carnavaleux, mais il faudra faire attention à ne pas bloquer les riverains qui veulent entrer ou sortir. »

Combien seront-ils ? L’adjointe se refuse à toute estimation.

Nul doute que l’affluence observée à la bande de Saint-Pol-sur-Mer laisse craindre une réplique qui se chiffrera en milliers de personnes.

Ajoutez à cela une météo clémente – Météo France annonce des jours ensoleillés de samedi à mardi avec des températures oscillant de 10°C à 12°C – et voilà toutes les conditions réunies pour des Trois-Joyeuses presque comme les autres.

 

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