Depuis plus de deux cents ans, au gré des conflits et actuellement en raison d’une épidémie, le carnaval a été maintes fois chahuté.
Photo Sébastien JARRY
Petite expérience. Demandez à un Dunkerquois de plus de 40 ans s’il sait quel événement a déjà eu raison du carnaval. Il devrait évoquer, sans trop hésiter, la Guerre du Golfe. En 1991, le conflit était lointain, mais l’activation du plan Vigipirate avait alors interdit les rassemblements sur le territoire français afin de réduire le risque d’attentat. Posez la même question à un Dunkerquois beaucoup plus jeune. Ce dernier devrait évidemment citer la crise sanitaire et son soldat, le Covid, qui sévissent encore cette année et qui, pour la deuxième année consécutive, privent les enfants de Jean Bart d’un vrai carnaval, en bonne et due forme. Mais ceux qui connaissent bien l’histoire de Dunkerque et de son carnaval savent aussi qu’à chaque coup du sort, les habitants (pas tous) ont su braver l’interdit, toujours avec un zeste d’espièglerie…
Bande à Nulé
Retour en 1991. À Saint-Pol-sur-Mer, le 3 février, quelques musiciens et une trentaine de carnavaleux, à l’initiative des Indépendants, se donnent rendez-vous devant un café de la ville. Le cortège grossit au fur et à mesure de son avancée, renforcé par des carnavaleux décomplexés et entraînés par l’effet de foule. La « bande à Nulé » était née. Son parcours allait se poursuivre les semaines suivantes à Dunkerque, en Citadelle, à Rosendaël puis à Malo.
Trente ans après, en 2021, en plein pic épidémique de coronavirus, quelques masquelours enfilent également le clet’che le dimanche prévu de la visscherbende pour une promenade autour des animations proposées par la communauté urbaine de Dunkerque, place Jean-Bart et place Charles-Valentin, sous l’œil attentif des CRS. L’ambiance est beaucoup plus sage qu’en 1991, mais le clin d’œil est appuyé.
Déjà sous Napoléon...
L’Histoire se souvient d’autres annulations du carnaval, à chaque fois liées à un contexte de guerre. En 1814, Napoléon 1er se débat contre la sixième coalition (Grande-Bretagne, Irlande, Russie, Prusse, Suède, Autriche) qui aboutira à l’abdication de Fontainebleau en avril 1814.